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De Murillo à Aguerro

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

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"Ô Jammes, elle était donc si profonde  la plaie

Ouverte en ton cœur un soir d’été plein d’abeilles

Par la tant belle nue….

Et réparer le trou du cœur avec des feuilles

Comme la haie des poules après la percée

Du renard d’or. C’est un peu grâce à lui du reste,

Comme s’il avait laissé une griffe dans ta chaussure,

Que ton vers continue de boiter sur les chemins

Du ciel.

A présent Jammes, qu’au carrefour du paradis,

Tu règles la circulation- Priorité

Aux jeunes filles pâles et nues, aux ânes qui sourient !

Ferme les yeux, je t’en prie, sur le malotru

Qui roule à gauche et prend des chemins de traverse

Pour dire cette vie à vau-l’eau qui le dépasse

De tous côtés comme un champ par l’orage en plein

 Midi, et le ciel est au bas du talus, et

Sa foi d’enfant, ce grand jeu d’images tressautantes

Que grand-père lui détaillait. Ferme les yeux,

Jammes, pour qu’au jour dit la route me soit ouverte,

Que le gosse d’hier debout sur son vélo,

Ayant repris mon vieux fond de commerce, triomphe

Enfin du doute, du mal amour et de l’oubli.

Ô Seigneur qui dormez entre la camomille

Et le sainfoin, laissez-moi donc dans votre attente

Croire au paradis des ânes, et qu’il me sera

Donné à moi aussi, par un jour de pluie bleue,

De braire tout doucement sur la grimpette étroite

Qui borde les nuages et qui mène tout droit

Entre les bras du vieux poète délicieux.


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Guy Goffette

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