Mais la pierre se souvient
Troupes de babouins irrités,
Autrefois peuple grave
Aimant
Vénérant la sagesse
L’œil ouvert sur les compagnons célestes
Attendant, préparant la cité « Eternité »
Maintenant..
Depuis des siècles…
Depuis peut-être quantité de siècles..
L’aube de l’oubli, qui la voit ?
Henri Michaux
Mais la pierre se souvient
La pierre ne se fatigue pas de porter le savoir
Continuant seule la civilisation disparue
Parlant toujours en signes inaltérés
Durs, calmes, solaires.
Des millénaires ont passé
Mais la race n’a point passé
Visages venus d’autres âges
Une époque lointaine
Traverse la contemporaine
Gardant son silence et sa méditation
Parmi les étendards et les trompettes
Qui les connaît ?
Les reconnaît ?
L’étranger, il voit la porte de sortie
Mais la porte d’entrée, il ne la voit pas
Suivi par des regards au blâme secret
Henri Michaux