Ce qui me fend l'âme?

Mon pays!

Les arbres abattus et aussi ceux qui me disent qu'on ne les regarde plus.

Le passé renié, la mémoire trahie, le jardin abandonné, la maison démolie.

La précaution et la belle ambition du savoir-faire bafouées par les sagouins.

Les murs sombres de maïs dans les champs monotones saturés de pesticides.

La toute vitesse et les camions qui barrent le ruban de mes routes.

Les multiples déchèteries avides de nos modernes saloperies dans des lieux sacrés.

Des tôles et des hangars cernés par des flots de canards crucifiés de chaleur.

Des maisons clé en main posées n'importe comment pour des rêves provisoires.

Et même, à vélo, ce papyrus invasif sur lequel mon regard se pose avec douleur.

J'ai l'âme trop sensible, sans doute et pas le coeur à imager (en dépit de tout cela, je choisirai la grâce de la maison éventrée qui pardonne avec la modestie de son regard.

Puis, par cette après-midi de chaleur, dans l'ombre épaisse des vieux murs, je m'enfoncerai dans -Lumière d'Août- retrouver ce Mal vertigineux qu'a secrété le Sud et qui pourtant nous a accordé la Force de Faulkner comme la puissance d'une Vague salvatrice.