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Je veux que les fleurs nee fleurissent pas pour de faux sauveurs

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

Je reçois ce nouveau texte des 22 ans de Fleuric:

Je veux que nous prenions le temps du deuil

Je veux que les fleurs sur les tombes aient le temps de faner

Qu'elles ne fleurissent pas pour de faux sauveurs

Qu'elles ne soient pas un prétexte Pour creuser de nouvelles tombes.

Je veux un nous.

Peu de temps après les attentats du 13 novembre MME. D. Mérian en quelques mots semblait mettre fin à plusieurs mois de polémiques nauséabondes autour de l'identité, de la race et de la religion ( https://www.youtube.com/watch?v=aPkhQQMlGis ). Cela nous faisait un grand bien. Un peuple semblait uni face à l'horreur, un peuple restait uni face aux divisions de ses politiques. Au « je » de janvier dernier succédait un salutaire « nous ». L'union a disparu ce dimanche 6 décembre.

Le résultat est celui de la division. Cela pose question. Sur les réseaux sociaux nombreux ont été à se réapproprier le drapeau national. Dans les rues nous avons entendu de nombreuses « Marseillaise ». Ces deux symboles de notre pays n'étaient plus l'apanage d'un parti qui s'en dit le champion. Entre-temps un Etat s'est donné des prérogatives plus que douteuses quant au fonctionnement de notre démocratie. Entre temps nous sommes entrés en guerre. Surtout l'unité retrouvée face aux événements ne pouvait effacer les divisions si largement nourries par toutes sortes d'acteurs depuis de si nombreuses années. Ce résultat n'a rien d'un hasard. On peut toujours compter les abstentionnistes, faire une infographie réelle du nombre d'électeurs pour tel ou tel parti, la seule chose qui compte ce sont les résultats, inutile de se voiler la face. Les partis traditionnels ont laissé en pâture le sujet France. Rien d'étonnant à ce qu'il ait été récupéré par un parti qui veut s'en faire le seul détenteur alors qu'il en méconnaît fondamentalement l'histoire. Ils se sont perdus dans une construction européenne qui, si l'idée en est belle, connaît une triste réalité. Une réalité sur laquelle aucun citoyen n'a de réelle influence au vu du fonctionnement des institutions. Voix des citoyens qui a été bafouée en 2007/2008 alors qu'elle s'était exprimée contre le traité établissant une constitution pour l'Europe en 2005. La législature de 2007 à 2012 pourra toujours dire qu'il faut parfois savoir gouverner contre la majorité car il y a toujours un risque de « despotisme de la majorité », aujourd'hui on constate que cette législature s'est trompée. Les conséquences sont immenses. On nous a vendu la paix, nous avons la guerre. Cependant cette paix n'était qu'une illusion. La guerre a toujours été aux portes de l'Europe. Désormais nous sommes entrés de force dans la guerre. Elle a pour cible le terrorisme. Et le terrorisme nous a pour cible. Nous sommes enfin arrivés à une situation binaire claire et simple pour tout le monde. Bref nous sommes de nouveau dans la lutte bêtifiante du bien contre le mal. Nous savons contre qui nous combattons désormais officiellement mais ce ne sont pas quelques bombes qui résoudront quoi que ce soit. Peut-on se demander un instant si ce n'est pas le pire qui arrive ? Alors que des attentats nous meurtrissaient nos dirigeants déclaraient en quelques heures une guerre et un état d'urgence qui a été prolongé et qui le sera peut-être encore. L’État s'est doté d'outils de coercition dont n'importe quel gouvernement qui arriverait au pouvoir pourrait faire ce qu'il veut. Un parti qui a su attirer et fidéliser beaucoup des mécontentements n'a jamais été aussi proche du pouvoir. Nous connaissons une guerre larvée : une entrée en mondialisation désastreuse, douloureuse qui a mené à la carte de nos nouvelles régions, faites pour être compétitives à l'échelle mondiale, du moins européennes. Dans le même temps les zones d'exclusion de ce « progrès » ne cessent de s'étendre. Souvent dans une proximité géographique hallucinante. Combattre les injustices n'est donc pas un idéal, c'est une réalité du territoire français. La compétitivité est également devenue individuelle. Alors que « l'assistanat » est devenu intolérable, il est devenu tolérable de laisser des personnes dans la misère la plus crasse. Que nos politiques ne viennent alors pas parler des racines chrétiennes de la France parce que pour la charité on repassera. L'enjeu est devenu celui de la survie la plus animale et non plus celui de la cohésion d'une société. Aucune société n'a jamais eu que des gens purement utiles à son intérêt. Mais que voulons-nous ? Apparemment nous sommes dans le pays du trop. Trop d'assistanat, trop de budget pour l’État, trop d'immigrés, trop de réfugiés, trop de musulmans, trop d'insécurité, trop de « voyous », trop de laxisme. On peut toujours débattre mais M. J. Toubon, défenseur des droits, a raison lorsqu'il rappelle le danger de créer plusieurs catégories de citoyens. Nous sommes en passe de le faire officiellement. Nous acceptons un état de violence qui n'aurait pas été admis il y a encore quelques années. Aujourd'hui qui parle réellement aux Français sans faire de généralités sur le mode du « faut essayer » ou « ça ira mieux hier »? Qui parle aux agriculteurs? Qui parle aux salariés? Qui parle aux professions libérales ? Qui parle aux ouvriers ? Qui parle aux fonctionnaires? Qui parle au néo-prolétariat? Quels autres partis politiques, en dehors de celui arrivé en tête ce dimanche, ont su s'ouvrir à la société? On est d'accord on peut contempler le désert. Mais ne le contemplons pas trop longtemps. Que voulons nous ?

Je veux que nous prenions le temps du deuil

Je veux que les fleurs sur les tombes aient le temps de faner

Qu'elles ne fleurissent pas pour de faux sauveurs

Qu'elles ne soient pas un prétexte Pour creuser de nouvelles tombes.

Je veux un nous.

Fleuric

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