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Elle est bien bonne !

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

Dessin de Jean-François Batellier envoyé par le Front de gauche aux dirigeants écologistes. 

Dessin de Jean-François Batellier

 

et

Vu d’ici
par
Hamid Dali
A Gillorgues, crise ou pas crise, on ne se laisse pas abattre. On ne manquerait pour rien au monde les repas thématiques
organisés par le foyer rural, prétexte à agapes pantagruéliques fortement arrosées comme il se doit.
Comme dans le célèbre village gaulois d'Astérix, on résiste encore et toujours à l'envahissante déprime qui semble
avoir submergé le pays.
Aussi, lorsqu'on nous a annoncé que le plat principal consistait en un "sac d'os",
certains esprits chagrins ont cru naïvement que la récession nous avait atteints à
notre tour.
Mais seuls les ignares, en l'occurrence les "estrangers", je veux dire ceux qui ne vivent
pas dans l'Aveyron ont pu s'y tromper. Le sac d'os est un mets délicieux quoique
roboratif : on remplit une panse de porc avec du plat de côtes et autres morceaux
d'échine, qu'on apprête avec toutes sortes d'ingrédients pour en relever le
goût, et on fait cuire le tout. Beaucoup d'os, oui, mais surtout beaucoup de viande
autour.
Le thème du jour étant l'Auvergne, soupe au lard et charcutailles s'imposaient en amuse-gueule, puis le fromage
permettait de patienter jusqu'au dessert, l'Auvergne étant, comme le dit la pub un grand plateau de ces laitages.
A l'apéro, après sa troisième Salers, (Auvergne oblige), mon vieux complice de la communale s'est essayé à l'humour
gras : « Putain, quand on a parlé de sac d'os au menu, j'ai cru qu'on avait trucidé la Marie-Jeanne ! »
Ici, tout le monde connaît la Marie-Jeanne, un grand échalas de fille, véritable sac d'os emballé dans une peau
qui n'incite pas aux cochonneries.
A Gillorgues, je me tue à vous le dire, on ne fait pas de politique. On préfère parler du temps, du temps qui fait et
du temps qui passe. Beaucoup de têtes grisonnantes, dans la salle, ces mêmes têtes qui, naguère jeunes hommes
conquérants, draguaient les jeunes filles faussement effarouchées en faisant le coup de poing dans les bals. Ces
mêmes hommes, - c'était hier - qui, lorsque la batteuse s'installait au village et dégorgeait son grain, montaient
jusqu'au grenier, sans manifester le moindre rictus de souffrance, des sacs remplis jusqu'à la gueule et accusant
un bon quintal sur la bascule.
Non, on ne parle pas politique, vous-dis-je. Cela pourrait dégénérer en bagarre générale, et on est venu s'amuser,
que diable !

Pourtant, l'esprit un peu embrumé et le Saint-Pourçain aidant, je me suis risqué à apostropher mon voisin de
table, (celui qui était assis à ma droite mais que je savais de gauche).
Tu crois qu'il va être battu, le "petit Sire" ?
Oui, je sais, j'ai emprunté à mon néanmoins ami du Bernadeil cet épithète heureux pour désigner l'excité de
l'Elysée.
- Boudiou ! Sûr qu'il va être battu ! Je peux pas imaginer qu'il en soit autrement ! Tu crois pas qu'il a fait assez
de dégâts comme ça ?
Autour de moi on fait chorus :
- Ouais, je sais pas si le Hollandais fera beaucoup mieux, mais en tout cas il
pourra pas faire pire. Qu'il se casse ce pauvre c…
A l'autre bout de la table, ce n'est pas la même chanson :
- Arrêtez, les mecs, il n'a pas fait que des conneries ! Au moins il a viré pas
mal de parasites !
- Des parasites ?
- Ouais, les fonctionnaires surnuméraires, les Roms et tous ces putains
d'étrangers qui vivent que d'aides sociales ! Sur nos impôts, bien-sûr !
- Heureusement qu'on ne bouffe que du porc, ce soir, on est sûr au moins qu'il n'est pas hallal, surenchérit un
aviné.
- Qu'est-ce que tu as contre les étrangers ? Ma mère était polonaise, intervient mon voisin de droite.
- C'est pas pareil, tu vas pas quand-même comparer une polonaise et un arabe !
- Toi tu es mûr pour voter Marine !
-Et toi Mélenchon !
Les deux camps se toisent. L'atmosphère se fait électrique et pourtant on n'en est encore qu'au champagne servi avec
le dessert et le pousse-café reste à venir…

Par bonheur, à Gillorgues, nos épouses sont des maitresses femmes qui, il faut le reconnaître, ne manquent pas
d'habileté pour imposer le cessez-le-feu. :
- On n'est pas venues ici pour entendre toutes vos conneries, ça va nous couper la digestion ! Tiens, Julien, toi qui
en connais de bonnes, si tu nous racontais une blague ?
Et Julien, qui n'est ni de gauche ni de droite puisqu'il se situe dans un marais centriste tendance 3B, (Bayrou
Borloo Baylet) s'exécute de bonne grâce :
"C'est l'histoire de ce chauffeur routier qui doit effectuer une livraison à Lyon. Sur le bord de la route, il croise
une ravissante auto-stoppeuse que, bien-sûr, il embarque. La chair est faible! Ne pouvant résister, il lui propose
la botte. La belle consent à condition qu'il la prenne par là où la nature ne l’avait guère prévu. Qu'à cela ne tienne
! Notre bonhomme se gare sur le premier parking venu et entreprend sa conquête. Son affaire étant faite, le
routier, content de lui, se rhabille en chantonnant : "Je suis Léon, je vais à Lyon, avec mon beau camion !"
En écho, il entend la voix de l'auto-stoppeuse devenue subitement grave chantonner à son tour " Je suis Léo, je
suis homo, je viens du bal masqué de Pau !"
Mon voisin de droite, rêveur :
Ton histoire ressemble bougrement au rapport qu'ont eu les français avec Sarko !
H.D.

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