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Invitation: Hurricane en Chalosse

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

 


 

 

 


 

 

 

  J'ai bien peur d'avoir attrapé le virus... 

 

Je suis à nouveau sur les gradins dans cette arène  couverte où résonnent les cuivres de la fanfare hispano- landaise. Un besoin d'exaltation certainement.

Je suis venue  seule, pour  retrouver ce moment de l'entrée dans le cercle des hommes aux boléro passementé d'or, suivis des hommes en blanc.

Moment magique du défilé .Ils ont de la tenue et de l'allure. Ils ont pour nom Gassie, Bordes, Lapoudge, Landresse, Lafitte , Deyris ..tous noms du Sud-ouest.

J'ai la chance d'être assise à côté du père du sauteur-entraineur Gassie. Il me commente tout avec plaisir:

" sa mère, non, elle n'est pas venue..trop de peur  au ventre de voir son fils face à la bête.

" celui, qui au moment de la sortie de la bête  n'a pas peur, est un fou "

" cette vache , la suivante, tu vas voir, elle cherche l'homme  partout , même en l'air . Elle le flaire et s'arrête net pour l'encorner, au lieu de poursuivre sa course.  Rouperte , c'est une maligne avec ses 4OO kilos; ils sont contents quand les sept écarts sont terminés."


C'est d'emblée un festival d'écarts serrés, de tourniquets.Les vaches sont attendues directement à la sortie du torril, en toute surprise.Spécialistesde la valse  à tous les passages de la bête lâchée sans corde.

  Tous se tiennent les reins à un moment ou à un autre avant de serrer les dents et de reprendre un port droit et brave ou bravache. Lapoudge a de la maestria  mais il est blessé de la veille.  Il veut redresser l'allure  traitre de la tête de la vache par un écart intérieur et se fait aplatir comme une crêpe. Entrée du SAMU ; il ne reviendra plus. Je me demande s'il serait envisageable qu'une femme aille ainsi se faire abimer, jour après jour! Pourtant, j'ai bien vu une fresque en Crête représentant une sauteuse de taureau.

Aujourd'hui toute mon attention va aux hommes en blanc: les deux frère Deyris qui maintiennent la fougue de 300 ou 400 kilos contre la talenquère pour placer la tête et la course de la bête bien rectiligne. Toute une technique pour ne pas se laisser emporter bras et corps  au bout de la ficelle. La vache les insulte de grands coups de corne sur les planches protectrices.Elle est sauvage.Elle les veut.

Et lui, alors , chapeau bas ! Quel oeil! quelle concentration! quel calme souverain! Michel Lafitte et sa cinquantaine passée de cordier. Le visage dit,minute après minute, chaque émotion de la course mais il est d'une précision souveraine.  Il est celui qui obéit aux désirs de l'écarteur mais le sauve si son jugement au millième de seconde est une erreur fatale.

Et puis, dans l'ombre derrière les portes du torril: le vacher. Je n'en reviens pas: la bête qui l'instant d'avant avec vitesse  , force et roublardise ne lâchait pas l'écarteur de ses instincts belliqueux , s'approche tout doucement de l'homme nourricier qui la fait rentrer au bercail!!!

Spectacle! Brio! discipline, douleur, dignité, grâce. On se relève!

J'invite, à l'envi, tous mes amis pour la prochaine course de mon pays landais...mais je sais que ma tocade vous barbe, il n'y aura guère d'adeptes, la vie pour vous est bien ailleurs..et moi, je suis un peu d'ici pour quelques temps encore.

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R
Il y a des décharges d'adrénaline qui font qu'on ne peut pas s'empêcher d'y retourner, même casser.