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Je vais et je reviens

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

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Toujours, je vais et je reviens. Pour éviter le désordre généralisé, cette chambre , je l'ai rebaptisée " je pars et reviens" ou plus prosaiquement - salle de paquetage et dépaquetage-. S'y entassent  vêtements de mer, de montagne et campagne, crampons et duvets, chapeaux et chaussettes.

La nuit dernière fut longue et intense. La pesanteur de la récupération de veilles prolongées à Peyriac. Lassitude encore au réveil mais surtout nostalgie de l'imperturbable et envahissant frottement des ailes de cigales. Je m'essayais à couper quelques rameaux et lianes prolifiques de la végétation tropicale d'un jardin béarnais. On annonçait des orages fréquents sur les Pyrénées qui s'étendraient à tout le bassin de l'Adour. Mais l'envie était là: retrouver les odeurs des oyats , des éléanus , des pythosporums et de la résine , revoir surtout les gesticulations figées dans l'espace des pins et des chênes- lièges.

Action. Quelques gouttes grosses et chaudes sur le pare brise à la traversée de la Chalosse. Enfin, devant moi, la frange infinie d'écume de l'océan.

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Toujours ce retour à Hossegor Nord, en dépit des boucles d'orielle perdues, de Macbeth et de quelques supercheries. On y est en partance pour la solitude de pas libres sur le sable vierge au nord mais on aperçoit au sud les maisons de la station, vigies qui n'arrivent pas à détacher leurs yeux  fascinés de l'océan.

Personne sur la plage, juste un groupe de jeunes surfeurs. Action: à l'eau immédiatement et sentir cette soie qui enveloppe le corps et donc le coeur. Vagues juste comme j'aime, ni précipitées, ni brutales, ni fracassantes. Un mouvement  et un bruissement   amples et réguliers. Et dans ce tempo, la vague imprévisible, joueuse ; celle qui vous surprend, vous fait rire quand vous vous relevez. Les orteils s'écarquillent  et s'enfoncent  dans les granules de sable fin, dans les millions de bris de  coquillages chatouilleurs. Je fais mine de partir, je reviens, je quitte, je reviens. L'océan ne me lâche jamais à ma première volonté. Ma serviette est au plus près des embruns. Je choisis un bâton bien lisse, bien poli, lavé et relavé jusqu'à la douceur. Pour Louise.  Des coquillages, j'en ai trop choisi et je lui ai déjà appris à écouter la mer à son oreille.De légers nuages blancs voilent agréablement le soleil. Je sèche  à la brise  marine et ma langue prend un délicieux goût salé. Devant moi une cinquantaine de mouettes criardes ont pris la lagune à marée basse pour terrain de décollage -atterissage. A tour de rôle , attente au vent en plein ciel puis descente parfaite et glissée jusqu'au sol.

 

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Le soleil n'est pas trop chaud et je peux partir pour une bonne heure de lecture hypnotique  pour Chandigarh. New Delhi est encombré et à la fin du chapitre je me hâte pour  immerger mon corps . Plaisir de la fraîcheur .

Les nuages deviennent plus lourds , plus noirs à l'horizon. La mer se moire, s'argente. Un roulement de tonnerre assourdi, très loin. Je vais vers l'hôtel. Ce lieu  choisi parce qu'il est une invite à la fraîcheur, à la tranquillité sous les pins. Un citron pressé. Charme de l'impermanence et du passage. Incognito nomade. On y va  et on en revient.

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