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La fiction . Haruki Murakami.

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

Il y a des fictions qui vous captivent comme un jeu bien mené  qui vous détache de la banalité de votre existence . Et puis , il y a ces fictions qui vous prennent aux tripes. Tout votre corps est possédé et est emporté dans les émotions du personnage.

Vous ressentez physiquement tout ce qu'il éprouve et vous êtes dans un monde où vous perdez tout pouvoir. Vous êtes halluciné , prisonnier.

Cela m'est arrivé deux fois en ce début d'année. Avec - Au-dessous du volcan - de Malcom Lowry et hier, dans le train , avec - Kafka sur le rivage - de Haruki Murakami.

Haruki Murakami m'a emportée dans un tourbillon d'émotions; si j'osais, un tsunami  d'imaginaire et je voudrais recopier ici des pages entières si je le pouvais;

Contrairement  à - au-dessous du volcan- ce n'est pas la puissance de la phrase qui me submerge mais la série d'hallucinations en miroirs qui vous fait vous demander comment vous allez retrouver pied dans votre réalité , votre quotidien et en sortir indemne.

Un vrai roman c'est comme le jeu , au début  juste pour jouer...et puis vous acceptez ou voulez être pris au jeu et finalement vous êtes totalement prisonnier du jeu.

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Kafka sur le rivage:

"Mon père a sali et blessé tous ceux qui l'entouraient. Je ne sais pas s'il faisait exprès  ou non, ou s'il ne pouvait pas faire autrement . Peut-être que ça faisait partie de sa personnalité dès le départ . Et je me demande  si, en ce sens , il n'était pas relié à quelque chose de particulier....

Je ne sais pas du tout comment j'ai pu me retrouver avec tout ce sang  sur moi, ni à qui il était; Je ne me souviens de rien. Mais ce n'est pas une métaphore.

J'ai peut-être assassiné mon père en rêve. J'ai emprunté des  circuits particuliers aux rêves  et je suis allé le tuer.

Vous savez , Oshima-san, je ne voulais pas tuer mon père , et je ne veux pas coucher  avec ma mère ou ma soeur...


La responsabilité commence avec les rêves;

Tout est question d'imagination. La responsabilité commence avec le pouvoir de l'imagination. Yeats disait : In dreams begins responsabilities. A l'inverse , la responsabilité, ne peut naître en l'absence d'imagination. Comme nous pouvons le constater avec Eichman.

 

Tu es assis au bord du monde,

Et moi dans un cratère éteint.

Debout dans l'ombre de la porte ,

il y a des mots qui ont perdu leurs lettres;

La lune éclaire un lézard endormi

de petits poissons tombent du ciel.

Derrière la fenêtre il y a des soldats

résolus à mourir.


Tu faisais sauter des ponts?

Je faisais sauter des ponts.

Métaphoriquement?

Bien sûr.

Nous rêvons tous , dit-elle.

Oh, oui nous rêvons tous.

Pourquoi a-t-il fallu que tu meures ?

Je ne pouvais pas faire autrement répondis-je.

Tu poses doucement la main sur son épaule nue. Tu sens qu'il faudrait dire quelque chose mais tu ne sais pas quoi. Tous les mots ont disparu dans le fossé du temps. Ils se sont entassés sans bruit u fond d'un lac volcanique...

Ce vide envahit ton coeur  comme une brume blanche la surface de la mer, et il reste là, longtemps, longtemps.Si longtemps qu'il devient une partie de toi.

Melle Saeki  disparu ne laissant derrière elle qu'un oreiller mouillé de larmes. Tu poses la main sur ce tissu humide  et tu regardes le ciel blanchir par la fenêtre. Au loin tu entends  crailler un corbeau. La Terre continue lentement de tourner. Au- delà de ces détails , chacun vit dans ses rêves;

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