Leur long discours

Hier M.H a retrouvé ce petit recueil dans son déménagement - celles qui savaient-.

Elle m'en a fait cadeau.

Le soir , j'en faisais lecture à une autre amie.

De mots en mots nous allons.

"Chacun bien sûr se sait mortel

de ce savoir fade et lointain

qui fuit et n'ébranle point.

Rien à voir avec cette image

de terreur sauvage

incrustée dans mon crâne

Depuis plus de dix ans

j'avance vers cette scène

corps et savoir stériles

lucidité inutile

Parvenir à me dissocier

ne plus croire ce que je sais

sourde enfin à ma voix

imitant le refus des miens?

Au moins l'enclave d'un répit

moment d'oublieuse douceur

ne plus écouter que les vagues

et leur long discours confus

j'aimerais ah j'aimerais!

Cassandre   Claude Pujade- Renaud

Comments

[dudu]

de maux en maux ils allèrent
et les corps churent

[...]

"Le langage en qui parle l'origine, est essentiellement prophétique. Cela ne signifie pas qu'il dicte les événements futurs, cela veut dire qu'il ne prend pas appui sur quelque chose qui soit déjà,
ni sur une vérité en cours, ni sur le seul langage déjà dit ou vérifié. Il annonce, parce qu'il commence. Il indique l'avenir, parce qu'il ne parle pas encore, langage du futur, en cela qu'il est
lui-même comme un langage futur, qui toujours se devance, n'ayant son sens et sa légitimité qu'en avant de soi, c'est-à-dire foncièrement injustifié. Et telle est la sagesse déraisonnable de la
Sibylle, laquelle se fait entendre pendant mille ans, parce qu'elle n'est jamais entendue maintenant, et ce langage qui ouvre la durée, qui déchire et qui débute, est sans sourire, sans parure et
sans fard, nudité de la parole première.".

(Blanchot, une voix venue d'ailleurs)