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Marcela Delpastre

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com

 

 
 

miel

 

 

 

L'amora

Quand la pluma te tomba d'en los dets, et la chalor dau cor, et que creses d'aver tot dich,

qu'o es 'laidonc que podrias comença lo poema

Qu'o es ' laidonc que, beleu, que beleu trobarias lo poema.

 

La mûre

Quand la plume te tombe des doigts, et la chaleur du coeur et que tu crois avoir tout dit,

c'est alors que, peut-être, que peut-être tu pourrais trouver le poème.

 

Je suis là debout. Je chante de même. / Pour cette terre, comme si la terre chantait avec ma voix. / Si j’étais la voix de la terre. / Mais chanterais-je toute la nuit, et tout le jour, / combien plus se chante elle-même la terre ! / Dans la voix de l’oiseau, / La lumière du vent, / la moindre de ces herbes – qui germe ou qui fleurit – / chaque grain de poussière qui danse... // Et le poème n’en finit pas...

 

 

 

fevrier-2011 0590

 

Lo picataou 

Auve lo picatau que chanta : pleura deman sus las jarbas de blat.

Desvelha-te, ma mia !

 

Autres temps... autres temps ieu n'auvia mas lo rossinhòl, que chanta sus los faus e la

romeg-glandiera.

Mas nos chau dau pan tots los jorns ; desvelha-te, ma mia.

Au mandin aura pluegut, deman sera tròp tard.

Auve lo picatau que chanta.

 

Autres temps, de segur, ieu n'auvia mas lo rossignhòl, l'alauveta, lo merle, la calha daus

blats, la calha de l'amor, e res me desvelhava, res si n'era l'amor.

'Laidonc ne vesia mas las flors, lo blat verd ont chantava la calha, non res me desvelhava,

 si n'era l'auseu de l'amor.

Auve lo picatau, ma mia. 

 

 

Quo es l'auseu dau toneire, de l'aiga, de

 

l'invern, nos fara sovenir qu'an dau pan sus la plancha,

 e que las flors an madurat.

Veiqui : anuech nos chau 'semblar lo blat.

Desvelha-te, ma mia.

Segur tornara be, la prima de l'amor.

Mai es tornada dins mon còr, que torjorn lai demòra,

 

chantaria pas lo picatau.

Le Pivert

 

 

Entends le pivert qui chante : demain il pleuvra sur les gerbes de blé.

Réveille-toi, ma mie !

 

Autrefois…autrefois je n'entendais, moi, que le rossignol,

qui chante sur les hêtres ou sur l'églantier.

Mais nous avons besoin de pain tous les jours : réveille-toi, ma mie.

Demain matin il aura plu, demain il sera trop tard.

Entends le pivert qui chante.

 

Autrefois, c'est vrai, je n'entendais, moi, que le rossignol, l'alouette, le merle, la caille des blés, la caille de l'amour, et rien ne me réveillait, rien d'autre que l'amour.

Alors je ne voyais rien que les fleurs,

le blé vert, où la caille chantait, non rien ne me réveillait, si ce n'est l'oiseau de l'amour.

Entends le pivert, ma mie.

 

 

C'est l'oiseau du tonnerre, de la pluie, de l'hiver, il nous fait souvenir

que nous avons du pain sur la planche, que les fleurs ont mûri.

Voici : il nous faut aujourd'hui rassembler le blé.

Réveille-toi, ma mie.

Certes il reviendra, le printemps de l'amour.

Il est bien revenu dans mon cœur, où du reste il demeure toujours,

 

 ne chanterait pas le pivert.

 

 

 

"Marcelle Delpastre est née le 2 septembre 1925 à Germont sur la commune de Chamberet en Corrèze. Fille, petite-fille, arrière-petite-fille de paysans limousins, elle naît au cœur de la civilisation paysanne. Chez elle Marcelle Delpastre entend et apprend deux langues, l'occitan et le français. Elle obtient le baccalauréat philosophie-littérature. 

En 1945 Marcelle Delpastre retourne vivre dans la ferme familiale de Germont où elle sera paysanne tout le restant de sa vie. . La poésie l'accompagne toute la journée et elle garde dans sa poche un carnet sur lequel elle note les vers et les idées qui lui viennent à l'esprit, idées qu'elle retravaille ensuite pendant la nuit. On peut donc penser que la plupart des chefs-d'œuvre de Marcelle Delpastre sont nés dans une étable ou au bord d'un pré.

À la fin des années 1940 et au début des années 1950, alors que ses cahiers de poèmes et de notes commencent à s'entasser, Marcelle Delpastre envoie des textes à quelques revues et anthologies de poésie.

Au début des années 1960, Marcelle Delpastre constate avec douleur la mort de son petit village de Germont et avec lui de toute la civilisation paysanne pourtant millénaire en Limousin.  C'est à ce moment que la Marcela (comme l'appelle ses amis en occitan) commence à beaucoup s'intéresser aux contes, proverbes et traditions de son pays limousin. Elle fait à cette époque la rencontre de Robert Joudoux (de la revue régionaliste Lemouzi) et de Jean Mouzat (auteur occitan limousin).

La première œuvre en occitan de Marcelle Delpastre est La lenga que tant me platz (La langue qui tant me plaît) : À partir de ce moment, Marcelle Delpastre décide d'écrire en occitan limousin, du Limousin et sur le Limousin.

Au milieu des années 1960, elle se met à collecter et à réécrire des contes traditionnels limousins. Le premier recueil est publié en 1970 sous le titre Los contes dau Pueg Gerjant (Les Contes du Mont Gargan), encore aujourd'hui souvent réédités dans des recueils de contes français. Parallèlement à cela elle commence à faire œuvre d'ethnologue de son pays avec Le tombeau des ancêtres : Coutumes et croyances autour des fêtes religieuses et des cultes locaux.  (La Vigne dans le jardin) sera mise en théâtre en 1969 par la troupe de Radio-Limoges, troupe qui montera dans les années 1970 d'autres textes de Delpastre (L'Homme éclaté, La Marche à l'étoile).

En 1974 Los Saumes pagans (Psaumes païens) sortent dans la collection Messatges de l'Institut d'Estudis Occitans. c'est ce recueil de poèmes qui la fit véritablement connaître de tout le milieu littéraire occitan.

Dans les années 1970 Marcelle Delpastre fait deux rencontres importantes, celles de Michel Chadeuil et de Jan dau Melhau, deux jeunes auteurs en langue limousine. Elle participera régulièrement à leur revue Lo Leberaubre dont le titre est une contraction de leberon (loup-garou) et d'aubre (l'arbre), et qui se donne pour mission en sous-titre de balhar de las raiç au leberon e far corre l’aubre la nuech, c’est-à-dire de donner des racines au loup-garou et de faire courir l'arbre la nuit.  Marcelle Delpastre est aujourd'hui reconnue comme l'un des dix plus grands écrivains occitans du XXe siècle (au côté de Jean Boudou, Bernard Manciet, René Nelli ou encore Max Rouquette). Le message de cette femme, elle qui n'a jamais quitté sa terre limousine, s'étend à l'universel et parle pour tous les hommes, c'est ce qui fait la force et la beauté de son œuvre.

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V
Il reviendra le printemps, malgré toutes les fins.<br /> C'est la voix de la terre qui le clame.
S
<br /> <br /> Il est déjà là! premiers oiseaux au bois.<br /> <br /> <br /> <br />