La mar / Bernard Manciet

"Il semblait que la mer , cet après-midi, craquait encore du froid de la nuit. Les vagues parlaient , d'une voix claire et simple, comme si de rien n'était par ailleurs. Là où, à ce qu'on dirait, elles se plaisent, avec leurs écumes allongées, frisées, nous nous trouvâmes par hasard à nous baigner. Nous ne nous connaissions pas. Sortant de l'eau, le froid nous saisit. Nous courûmes sur le sable, assez longtemps. La chaleur revenait. La plage s'étendait au loin, lisse déserte. Les mouettes nous attendaient, attroupées. A notre approche, elles se soulevaient, pour déménager plus loin. Au soleil, leurs ventres blancs nous furent comme une bénédiction de fleurs.

 

La mar que semblava aqueth vrèspe, com crascas enqüèra de la torrada fina de la nueit. Las èrsas parlavan clar e simple, d'eras avant. Aqui ont ço dirén, se convienen, dab sas escrumas longas e frisadas, s'escadèvam a si banhar. Tots dus nse coneishèvam pas. A sortir de l'aiga, lo hred que nos sasi, e divom galopar ua bèra pausa suu sable. La calor que vieno. La platja qu'èra shens digun, lissa dinc a lunh. Los calhous que nos atienèn, a ligots. Los i arribavam au pè, que se lhivavan e se mudavam un troç en avant. Au so, los sons ventes blancs nos hadon com ua benedida de flors."  Bernard Manciet