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Les soucis de la maison dans la nature

Publié le par si-peu-de-nous.over-blog.com


 

merci à " je pleure sans raison" pour cette vidéo.

 

La maison, ouvre ses fines paupières de bois sur les champs et les bois. Non, elle ne s'ennuie pas, seule sur la colline. Une éternité de jours qu'elle regarde avec fidélité son intime figuier et ses deux grands chênes protecteurs.

La nuit , parfois, elle a des soucis. La maisonnée s'est vidée et elle sait ce qui rôde de sauvage pour l'encercler. Elle connaît les ronces et les herbes folles,la tempête qui enfle et les troncs qui s'abattent . Elle n'est pas à l'abri et ne se berce pas des sérénades romantiques des poètes émus par les elfes ou les lapins. Elle sait ce qu'il faudra de force pour se maintenir. Elle sait et se tait.


 

"Je gagnai les bois parce que je voulais vivre, suivant mûre réflexion, n’affronter que les actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner, non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir ce que je n’avais pas vécu. Je ne voulais pas vivre ce qui n’était pas la vie, la vie est si chère ; plus que ne voulais pratiquer la résignation, s’il n’était tout à fait nécessaire. Ce qu’il me fallait, c’était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression, et, si elle se découvrait mesquine, eh bien, alors ! en tirer l’entière, authentique mesquinerie, puis divulguer sa mesquinerie au monde ; ou si elle était sublime, le faire savoir par expérience, et pouvoir en rendre un compte fidèle dans ma suivante excursion.
-SOLITUDE-

Soir délicieux, où le corps entier n’est plus qu’un sens, et par tous les pores absorbe le délice. Je vais et viens avec une étrange liberté dans la Nature, devenu partie d’elle-même. Tandis que je promène le long de la rive pierreuse de l’étang, en manches de chemise malgré la fraîcheur, le ciel nuageux et le vent, et que je ne vois rien de spécial pour m’attirer, tous les éléments me sont étonnamment homogènes. Les grenouilles géantes donnent de la trompe, en avant-coureurs de la nuit, et le chant du whip-pour-will s’en vient de l’autre côté de l’eau sur l’aile frissonnante de la brise. La sympathie avec les feuilles agitées de l’aune et du peuplier me fait presque perdre la respiration ; toutefois, comme le lac, ma sérénité se ride sans se troubler. Ces petites vagues que le vent du soir soulève sont aussi étrangères à la tempête que la surface polie comme un miroir. Bien que maintenant la nuit soit close, le vent souffle encore et mugit dans les bois, les vagues encore brisent, et quelques créatures invitent de leurs notes au sommeil. Le repos n’est jamais complet. Les animaux très sauvages ne se reposent pas, mais les voici en quête de leur proie ; voici le renard, le skunks, le lapin rôder sans crainte par les champs et les bois. Ce sont les veilleurs de la Nature – chaînons qui relient les jours de la vie animée." Thoreau


(traduit de l’anglais par L. Fabulet, L’imaginaire/Gallimard, n°239

                        L'engoulevent

Eastern Whip-poor-will
Adult male
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